Du requin dans notre crèmes de beauté ? En 2012, BLOOM a réalisé une enquête sur l’usage d’huile de foie de requin profond dans les cosmétiques. Découvrez les résultats de notre enquête.
Nous estimons que plus de trois millions de requins profonds, espèces particulièrement vulnérables, sont capturés chaque année pour son squalane et que celui-ci fournit essentiellement le secteur cosmétique.
Il s’agit d’un émollient de qualité utilisé dans toutes sortes de produits cosmétiques : crèmes hydratantes, anti-rides, minceur, nuit… Il peut être d’origine animale et végétale. Il désigne le squalène sous sa forme purifiée, hydrogénée et désodorisée.
Le squalène est est un lipide hydrocarboné présent dans un grand nombre de plantes et de fruits, comme dans la peau et le foie des poissons et des mammifères, y compris l’homme. C’est cependant dans l’huile du foie des requins profonds qu’il se trouve à l’état naturel dans les proportions les plus importantes (40 à 80 %). Le squalène peut donc être extrait des foies de requin, mais aussi de certains végétaux (principalement les olives).
Compte tenu de sa valeur, l’huile de foie de requin n’est pas le produit de prises accessoires mais le produit principal de pêches ciblées.
En 2012, BLOOM a réalisé une enquête sur l’usage d’huile de foie de requin profond dans les cosmétiques et a révélé que le secteur cosmétique était le plus grand prescripteur de squalane animal dans le monde, bien que les grandes sociétés cosmétiques occidentales se soient engagées à ne plus utiliser de squalane d’origine animale dans la formulation de leurs crèmes.
Environ 90 % de la production mondiale d’huile de foie de requin est destiné à la production de squalane pour le secteur cosmétique, ce qui correspond à la capture de plus de 2,7 millions de requins profonds chaque année.
Alors que certains producteurs de squalane affirment que les requins profonds utilisés sont des animaux capturés accidentellement et simplement « valorisés », l’enquête de BLOOM démontre au contraire que les requins sont majoritairement issus de pêches ciblées. Une production spécialisée semble même être une condition nécessaire à l’obtention d’une huile de bonne qualité.
Etant donné la valeur importante de l’huile de foie de requin (entre 12 et 15 dollars le kilo), il semblerait en outre qu’il existe un phénomène de « livering », c’est-à-dire de prélèvement des foies et de rejet de la carcasse en mer, par analogie avec la pratique du « finning » qui consiste à découper les ailerons des requins et à rejeter les animaux estropiés à la mer, le plus souvent encore vivants.
C’est presque impensable que les crèmes luxueuses que nous nous appliquons sur le visage et le corps proviennent en partie de pratiques aussi laides. Le mariage du secteur cosmétique et de la pêche de requins profonds, c’est la belle et la bête
Claire Nouvian, co-auteure de l'étude