08 juillet 2021
Mardi 6 juillet, les députés européens ont adopté le prochain FEAMPA (Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture). Alors que l’avenir de l’océan et des petits pêcheurs est en jeu, et contrairement à toutes les recommandations des scientifiques et des ONG, ce fonds de 6,1 milliards d’euros continuera de financer la surpêche.
Ce FEAMPA est une victoire pour les lobbys industriels. Non seulement, il inclut des subventions néfastes mais il affaiblit également les conditions pour y accéder. Un recul historique, alors même que des négociations sont en cours à l’OMC pour interdire ces subventions qui financent la surpêche, première cause de destruction de l’Océan[1]. Par ailleurs, alors que les architectes et défenseurs de ce FEAMPA n’ont cessé de parler de préservation de la biodiversité marine, aucune part du fonds n’est consacrée à la protection, la restauration et la connaissance du milieu marin: l’ensemble du FEAMPA servira donc à financer l’exploitation de l’océan.
Ce vote illustre l’aveuglement d’une majorité écrasante d’eurodéputés quant à l’importance capitale de ce fonds. En le considérant uniquement sous le prisme financier – son montant est le plus faible parmi l’ensemble des programmes européens -, les parlementaires ont commis l’erreur fondamentale d’ignorer son rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique. L’océan joue un rôle primordial dans la régulation du climat. Dans leur choix d’utiliser des fonds publics pour financer un modèle industriel destructeur des écosystèmes marins, les députés ont donc décidé de perpétuer un modèle qui nous conduit à la catastrophe et qui va à l’encontre de tous les objectifs environnementaux de l’Union européenne.
“Avec ce vote le Parlement européen a choisi de faire fi des demandes des scientifiques, des ONG et des citoyens pour faire face au dérèglement climatique, préférant protéger un modèle de pêche industrielle destructeur de l’océan et des emplois. La pêche industrielle n’est jamais directement citée dans ce FEAMPA. C’est pourtant bien elle qui continuera pour l’instant de capter massivement les subventions publiques” analyse Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM.
La Commission européenne, chargée d’approuver les plans de chaque pays concernant l’allocation du FEAMP au niveau national est désormais le dernier rempart contre une utilisation destructrice des subventions publiques et la seule en mesure de faire respecter les objectifs de durabilité définis dans de la Politique Commune de la Pêche.
Le vote des députés français au sein du Parlement européen :
[1] IPBES (2019) The global assessment report on biodiversity and ecosystem services — Summary for policymakers, Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES), Bonn (Germany), p. 56.