22 janvier 2016
Au cours de l’examen en 1ère lecture du projet de Loi Biodiversité au Sénat, la Ministre de l’Écologie Ségolène Royal et le sénateur républicain de la Somme Jérôme Bignon, rapporteur du projet de loi Biodiversité, ont prononcé des discours longs, engagés, rationnels et passionnés en faveur de l’interdiction du chalutage profond, qui donnent la mesure du chemin parcouru par la sphère publique depuis que BLOOM milite pour la fin des pêches destructrices en profondeur… Huit années de mobilisation sans relâche portent leurs fruits et grâce au soutien massif de l’opinion publique, la ministre s’est totalement émancipée de la pression des lobbies industriels sur ce dossier.
Ségolène Royal et Jérôme Bignon en ont appelé au bon sens des élus pour tracer une voie d’avenir pour la protection des océans, de la biodiversité et de la pêche même. Ils ont rappelé le non-sens économique des pratiques destructrices de pêche telles que le chalutage profond et ont insisté sur l’absence de dégâts collatéraux pour la France d’une telle interdiction puisque Intermarché, principale flotte de pêche profonde a accepté, à l’issue de la campagne citoyenne de BLOOM et de notre pétition réunissant près de 900 000 citoyens, de limiter la profondeur de sa pêche au chalut à 800 mètres.
Malgré les propos percutants du rapporteur et de la ministre, les sénateurs ont rejeté l’interdiction du chalutage profond (article 56), déposé par le groupe Communiste du Sénat, qui avait été adopté par la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable le 8 juillet 2015.
Ce rejet est principalement le fait de la droite avec le soutien de quelques Socialistes issus des circonscriptions de la pêche industrielle (Lorient, Boulogne-sur-Mer), comme la sénatrice du Morbihan Odette Herviaux.
Jérôme Bignon s’est illustré à cette occasion comme l’un des (trop) rares élus de droite à se préoccuper de la prise en compte de l’environnement dans le modèle de développement économique de la France. Il a appelé ses collaborateurs à « regarder le monde différemment », à reconnaitre qu’on avait « pillé » les ressources naturelles et que ce n’était « pas fini malheureusement ». Le rapporteur du projet de loi a également souligné la difficulté de sa position au sein de son groupe politique :
« On ne peut plus évoluer sur aucun sujet, parce que les groupes de pression sont tellement puissants et tellement organisés que même le fait d’en parler {est difficile}. Que quelqu’un comme moi, qui suis de droite, ce que j’assume et que je défends, puisse avoir ce type d’opinion est considéré comme « enfreindre », je transgresse, j’ai le sentiment mais c’est assez pesant, alors que simplement je mets sur la table des débats que nous devons avoir. Les pêcheurs ont peut-être un avis différent mais l’ensemble de la société a peut-être envie que le fond des océans ne soit pas massacré. »
Voir le discours de Jérôme Bignon
Le discours de Ségolène Royal contre le chalutage profond
1ère partie : « on m’a raconté des salades ! »
2e partie
Dossier législatif complet du projet de loi Biodiversité : http://www.senat.fr/dossier-legislatif/pjl14-359.html
Pour suivre les étapes de la discussion et mieux comprendre les éléments clés du dossier, rendez-vous ici.
Voir la discussion complète de l’article 56 concernant le chalutage profond :