02 novembre 2016
Les récifs coralliens d’eaux profondes, comme ceux des Darwin Mounds en Écosse, ont mis des millénaires à se former. Pourtant, à cause du chalutage en eaux profondes, certains d’entre eux ont été détruits en un instant. Suite à ces perturbations, la création d’aires marines protégées a fait ses preuves : les récifs qui n’ont pas été endommagés sont extraordinairement riches en biodiversité.
Les Darwin Mounds sont des récifs coralliens d’eaux profondes (1000m) au nord-ouest de l’Écosse. Ils se sont formés il y a environ 10 000 ans. Contrairement à leurs homologues tropicaux, ces coraux n’ont pas besoin de soleil pour survivre. Au contraire, ils vivent dans l’obscurité en attendant que de la nourriture vienne à eux. Les récifs coralliens d’eaux froides ne sont pas spécialement rares : on les retrouve dans les eaux profondes depuis la Norvège jusqu’au Nord de l’Afrique.
Bien que leur existence soit connue des pêcheurs depuis des siècles, ce n’est que lors d’une étude de Brian Bett du Centre National Océanographique au Royaume-Uni (CNO) en 1998 que l’on s’est rendu compte de l’étendue des Darwin Mounds. Ils couvrent un total de 100 km2 équivalent à la superficie de la ville de Paris. Leur rôle écologique est primordial : ils constituent un habitat idéal pour de nombreuses petites espèces marines et sont des lieux de nurseries privilégiés.
Localisation des récifs coralliens de Darwin mounds, au nord-ouest de l’Écosse
Les coraux d’eaux profondes ont une croissance très lente, ils ont donc besoin de centaines d’années pour se rétablir après une perturbation. C’est pour cela qu’ils sont référencés comme des « écosystèmes marins vulnérables » . Malheureusement, lorsque Brian Bett retourna pour une étude plus poussée dans les Darwin Mounds en 2000, il découvrit la zone dévastée par le passage des chaluts de fond. Or, « si toutes les colonies parents sont endommagées, elles ne peuvent plus se reproduire et cela devient très difficile de voir de nouvelles colonies s’établir » a déclaré Veerle Huvenne (du CNO). Pour les chercheurs du CNO, il a donc été capital de créer une zone marine protégée et « cela ne sert à rien de protéger une zone sans y interdire la pêche » a insisté B. Brett.
Après avoir négocié la création de cette zone protégée nécessitant l’interdiction de pêche profonde, B. Brett et V. Huvenne sont retournés sur le site en 2011. Leur but était de faire la démonstration de la façon dont les coraux se sont reconstitués après la perturbation. Les résultats montrent que durant une dizaine d’année, les parties des Darwin Mounds qui avaient été endommagées n’ont montré aucun signe de rétablissement. Mais heureusement, les aires non affectées par les chaluts avaient l’air en bonne santé et la vie y était abondante. Parce qu’ils sont en zone protégée, la diversité et la beauté des récifs n’ont pratiquement pas été affectées. Ce cas soulève donc l’urgence « d’appliquer le principe de précaution lorsque l’on envisage une pêche profonde quelle qu’elle soit » s’est exprimé V. Huvenne.
Bien que les récifs coralliens d’eaux profondes soient menacés par les changements climatiques, la création d’aires marines protégées augmente considérablement leur chance de survivre encore pendant des millénaires.