19 décembre 2016
Alors que l’on pensait que la raie manta géante se nourrissait de zooplancton en surface, une récente étude montre que l’essentiel de son régime alimentaire provient en réalité des profondeurs de l’océan.
La raie manta géante (Manta birostris) est une espèce de raie présente dans les eaux tropicales et tempérées du monde entier. Espèce iconique, elle peut atteindre jusqu’à sept mètres d’envergure et peser plus d’une tonne ! Malheureusement, elle figure aussi dans la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Sa population a récemment diminué de manière drastique, l’amenant au statut d’espèce « vulnérable ». La cause ? Une demande en branchies qui a considérablement augmenté au cours des dix dernières années, celles-ci, séchées, étant utilisées comme remède par la médecine traditionnelle chinoise.
Branchies de raie séchées (Photographie : Paul Hilton)
Voir la fiche UICN (pdf en anglais) de la raie manta géante.
Nos connaissances sur les habitudes alimentaires de cette espèce sont très limitées. Alors que son régime alimentaire de surface à base de zooplancton (plancton animal) était connu des scientifiques, une nouvelle étude vient de montrer que la raie manta géante est aussi – et majoritairement – un prédateur d’eaux profondes. Cette étude a débuté en 2010 et s’est concentrée sur l’île de la Plata (au large de l’Équateur), qui accueille saisonnièrement le plus grand rassemblement de raies manta géantes au monde (voir la carte ci-après).
Localisation de l'île de la Plata (source : google map)
Habituellement, les scientifiques étudient le contenu de l’estomac d’un animal pour déterminer son régime alimentaire. Cependant, une telle procédure – potentiellement mortelle – n’est pas appropriée pour une espèce aussi vulnérable que la raie manta géante. Pour cette raison, son régime alimentaire a été étudié grâce à des tests biochimiques sur ses tissus musculaires. L’étude révèle ainsi, qu’en moyenne, 27% de son régime alimentaire proviendrait de la surface (zooplancton), et 73% de sources mésopélagiques incluant des poissons vivant entre 200 et 1 000 mètres de profondeur.
Cette étude souligne l’interdépendance entre les environnements marins profonds et de surface, comme nous l’avions déjà souligné dans notre petit-guide-Océan-Climat. Pour jouir d’un océan sain et fonctionnel, il est donc indispensable de considérer l’Océan dans sa globalité sans créer de séparation entre ces deux environnements.
http://phys.org/news/2016-11-giant-rays-shown-predators-deep.html
Publication d’origine : http://rsos.royalsocietypublishing.org/content/3/11/160717