01 octobre 2017
On a tous envie de pouvoir manger du poisson sans se dire qu’on a contribué à la destruction du milieu marin ou des emplois durables, alors BLOOM vous a préparé un mode d’emploi.
Eh oui, ainsi commence une consommation responsable de produits de la mer…
En France, nous mangeons en moyenne 34,5 kilos de poissons et crustacés par personne et par an. Or, une consommation durable s’élèverait autour de 8 kilos.
Attention toutefois à ne pas remplacer ce poisson par de la viande qui, en plus d’être l’une des causes majeures du réchauffement climatique, contribue également à la surexploitation mondiale de certaines espèces de poisson : environ 20% des poissons pêchés dans le monde sont du « poisson fourrage », et servent à fabriquer de la nourriture d’élevage pour bétail, animaux domestiques et aquaculture (notamment le saumon).
> Consultez notre dossier sur les pêcheries « minotières » produisant du poisson fourrage
Vous ne trouverez pas de guide d’espèces sur le site de BLOOM. Ces guides de poche peuvent être utiles pour éviter certains poissons très mal en point, mais ils sont rarement fiables car trop difficiles à mettre à jour : les évaluations de l’état de santé des populations de poissons changent chaque année et varient selon les zones. Un casse-tête…
Mais orienter nos achats en fonction de la technique de pêche nous permet de choisir les méthodes les plus douces pour l’environnement, pour le poisson et le pêcheur.
En Europe, indiquer la technique de pêche sur les étiquettes est obligatoire, alors profitons-en ! Car privilégier des méthodes de pêche vertueuses, c’est également choisir de soutenir une pêche généralement plus artisanale.
Pour choisir votre poisson en fonction des techniques de pêche, téléchargez notre infographie !
Saumon d’élevage, crevettes tropicales et cabillauds sont les trois espèces les plus vendues en France. Tentez l’aventure avec merlu, tacaud, merlan bleu, anchois ou sardine. Ces poissons sont très peu valorisés mais pourtant très bons gustativement. De plus, ils sont riches en oméga-3 et accumulent beaucoup moins d’éléments chimiques toxiques (mercure, arsenic…) en comparaison des grands prédateurs comme le thon. En diversifiant, vous diminuez enfin la pression sur les autres espèces commercialisées, donc pas d’hésitation à avoir.
Le saumon d’élevage cumule tous les maux. Relisez notre actualité sur ce sujet avant de préparer vos repas de fêtes de fin d’année. Voici quelques raisons de ne pas consommer de saumon d’élevage issues du travail d’Alexandra Morton, scientifique mondialement connue pour ses recherches sur le saumon (en anglais ici) :
Quant à la crevette, les élevages sont très souvent intensifs et se font dans des mauvaises conditions sociales. Les crevettes sont également nourries à partir de farines de poissons et parfois d’OGM… il est donc primordial d’en repenser notre consommation. Certains élevages se font dans des bonnes conditions (notamment à Madagascar) mais ce n’est malheureusement pas la règle générale. De plus, pourquoi ne pas préférer une alternative sauvage pêchée sur nos côtes ? Les crevettes bouquet et grises peuvent en plus être moins chères au kilo !
Certains saumons génétiquement modifiés vont sans doute bientôt se retrouver dans nos assiettes en raison de l’accord de libre-échange signé entre l’Europe et le Canada, le fameux « CETA ».
Les autorités canadiennes ont autorisé la commercialisation d’un saumon OGM, surnommé le « saumon Frankenstein », développé par la firme américaine AquaBounty Technologies. Il s’agit du premier animal OGM produit et vendu à grande échelle…
Personne ne connaît les conséquences sanitaires que pourraient avoir la production et la consommation du saumon Frankenstein. Or, la règlementation canadienne n’impose pas un étiquetage spécifique pour indiquer la caractéristique OGM de ce produit. Comme le CETA vise une diminution (voire une suppression) des barrières non tarifaires, des normes et règlementations, les Européens ne sont pas près de savoir ce qu’ils mangent. Face à la mécanique de bulldozer du CETA et des tribunaux d’arbitrage que le traité met en place, le principe de précaution guidant la politique française actuelle en termes d’OGM pourrait être remis en cause, voire anéanti.
Bienvenue dans le monde merveilleux du CETA… 🙁
Selon les travaux de recherche de BLOOM, aucun label clamant une « pêche durable » ne garantit que le poisson certifié soit effectivement « durable ». Ne vous fiez donc pas aveuglément aux labels et à la certification (dont le fonctionnement même tend à privilégier les flottes de pêches industrielles), car il existe beaucoup trop d’exemples de pêcheries certifiées durables « au rabais » par les principaux écolabels (MSC, Friend of the Sea, Pavillon France etc.). Le seul mérite transversal que nous avons trouvé aux labels est qu’ils permettent de couper l’accès aux marchés des pêches illégales. De là à penser que les pêches sont vertueuses d’un point social ou écologique, c’est une toute autre histoire.
Certains labels spécifiques peuvent toutefois être utiles pour identifier, par exemple, du bar de ligne.
Consultez notre page sur les « labels trompeurs »
Une enquête IPSOS/Fondation Carasso parue début 2017 révèle que près d’un Français sur deux déclare consommer depuis deux ans de plus en plus des produits ayant un faible impact sur l’environnement (47%), respectueux du bien-être animal (47%) et garantissant un juste revenu au producteur (44%).