25 mars 2014
Depuis le 20 mars dernier, les Français, dans un mouvement d’indignation, s’adressent directement au Président de la République auquel ils ont déjà fait parvenir plus de 20 000 messages électroniques pour lui demander de soutenir l’interdiction du chalutage profond en Europe. Cette mobilisation citoyenne, orchestrée par BLOOM rappelle à François Hollande les engagements qu’il a lui-même pris à la conférence de Rio+20 « d’éliminer les pratiques destructrices de pêche ».
Lors de la Conférence environnementale de 2013, le gouvernement s’était engagé à prendre en compte l’opinion des associations environnementales pour former la position française sur la pêche en eaux profondes. Or la position que la France a communiquée à la Présidence du Conseil des ministres européens ne tient nul compte de l’avis des ONG ni de la volonté de plus de 838 000 signataires de la pétition de BLOOM et de 73% des Français[1]. Au contraire, la France continue à s’opposer à la proposition de la Commission européenne d’interdire le chalutage profond en Europe.
« Les Français ont un sentiment de trahison » explique Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM. « Ils prennent conscience qu’en France, la consultation démocratique est inexistante. En réalité, la politique se fait à l’ancienne : en toute opacité et sans aucune prise en compte citoyenne. Puisque la France ressemble plutôt à une monarchie, nous appelons le chef de l’Etat à arbitrer personnellement sur l’interdiction du chalutage profond. François Hollande a promis aux Français « l’excellence environnementale », sa parole est en jeu. »
Le courrier rappelle que la mobilisation citoyenne (la pétition de BLOOM est la pétition environnementale la plus signée de l’histoire de France) a décidé plusieurs enseignes de la grande distribution à cesser la commercialisation des poissons d’eaux profondes[2] et la flotte d’Intermarché à ne plus pêcher au chalut de fond au-delà de 800 mètres de profondeur. Le message envoyé à François Hollande ainsi qu’au Premier ministre, aux ministres de l’écologie et de la pêche, interpelle ainsi le chef de l’Etat : « Si la France n’est pas capable de mettre fin à une pratique résiduelle, destructrice, subventionnée et non rentable, quel autre enjeu environnemental aurez-vous encore la crédibilité de solutionner ? »
Alors que les industriels les plus concernés ont réussi à trouver un terrain d’entente avec les ONG, comment expliquer le blocage de la France ? « La réponse est à chercher du côté du port industriel de Boulogne-sur-Mer où un navire de la flotte Euronor pratique encore la pêche en eaux profondes à hauteur d’environ 25% de ses captures. Or Boulogne-sur-Mer est le fief électoral du ministre de la pêche, Frédéric Cuvillier, qui est aux prises d’un conflit d’intérêts flagrant dans sa fonction et échoue ainsi à protéger les intérêts des Français et des Européens au profit d’un unique navire de pêche » conclut Claire Nouvian.
En raison de pressions exercées par la France, les discussions au Conseil des ministres européens de la pêche sont retardées depuis juillet 2012.
[1] Le sondage BVA/BLOOM du 10/11 février 2014 révèle que 73% des Français souhaitent que François Hollande soutienne la proposition européenne d’interdiction du chalutage profond, soit une progression de 2% par rapport au sondage identique réalisé en novembre 2013.
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La pétition de BLOOM sommant François Hollande à défendre l’interdiction du chalutage profond a dépassé les 838 000 signataires, un record français.