L’étude des accords de pêche tient une place particulière chez BLOOM. Notre directeur scientifique, Frédéric Le Manach, a réalisé sa thèse de doctorat sur les accords de pêche établis par la Commission européenne pour le compte de ses flottes industrielles de pêche avec des pays en voie de développement, notamment en Afrique de l’ouest, dans l’océan indien et de plus en plus dans l’océan pacifique.
Dans la continuité de ce travail entrepris, nous avons développé un programme scientifique dédié. Notre engagement nous amène également à apporter notre concours à des actions en faveur d’accords plus équitables.
C’et ainsi qu’en 2019, nous avons porté plainte contre l’Italie.
Conjointement avec la Coalition pour des Accords de Pêche Equitables (CAPE), la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de Pêche artisanale (CAOPA), le Partenariat Régional pour la Conservation Côtière et Marine (PRCM) et Danish Living Seas, BLOOM a porté plainte le 31 janvier 2019 auprès de l’Union européenne pour activités illégales de chalutiers italiens dans les eaux de la Sierra Leone. Nous demandons à la Commission européenne d’engager une procédure d’infraction à l’encontre de l’Italie.
L’administration italienne des pêches n’a pas respecté ses obligations de sanctionner les activités de certains chalutiers italiens dans les eaux de la Sierra Leone. C’est grâce à des informations recueillies par des pêcheurs artisans locaux de Sierra Leone — recoupées avec des données satellite (VMS ; Vessel Monitoring System) et radio (AIS ; Automatic Identification System) obtenues par Global Fishing Watch (cf carte ci-dessous) — qu’ont été mis en faute plusieurs chalutiers italiens enregistrés en Sicile (à Palerme et à Mazzara del Vallo) et appartenant à Matteo Cosimo Vincenzo ASARO et à Italfish.
Ce qui est reproché à l’Italie, c’est de ne pas avoir appliqué les mesures de contrôle, d’inspection et de sanction des activités de pêche effectuées dans le cadre de la politique commune de la pêche (PCP), qui incluent notamment des pénalités dissuasives [1] ayant pour objectif de lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).[2]
Les chalutiers mis en cause par BLOOM et la coalition n’ont pas respecté le règlement des licences de pêche qui leur ont été accordées par la Sierra Leone, comme l’interdiction de pêcher dans les eaux côtières (réservées à la pêche artisanale), la nécessité de demander aux autorités locales une autorisation de transbordement en mer, et l’interdiction de capturer des pieuvres et seiches dans les zones de ponte de ces espèces. Ces mêmes navires ont des antécédents d’activités illégales dans la région, comme la capture illégale de requins et l’aileronnage, des incursions interdites dans les eaux de Guinée Bissau et l’utilisation d’engin de pêche prohibé en Gambie. Ce lourd passif, documenté à l’époque par Océana, CAPE et Greenpeace, avait dejà donné lieu en décembre 2016 à une ouverture par la Commission européenne d’une procédure d’infraction à l’encontre de l’Italie (n° d’infraction : 20152167). Celle-ci reste, à ce jour, sans suite.
En attendant que l’Italie fasse le ménage devant sa porte, la France ne semble quant à elle pas être en bien meilleure position pour faire respecter la réglementation européenne à ses navires opérant à l’étranger, si l’on en croit les témoignages recueillis sur les pratiques de sa flotte thonière opérant dans l’Océan Indien et divulgués lors du Cash Investigation du 5 février 2019.
Des eaux turquoises des Seychelles aux quais de la Méditerranée, Cash investigation vous emmène pour une partie de pêche en eaux troubles. Élise Lucet et l’équipe de Cash investigation vous révéleront ce que l’industrie de la pêche thonière préfère ne pas vous montrer. Le thon rouge a failli disparaître, victime de l’appétit des consommateurs. Aujourd’hui, ce thon rouge est entre les mains d’une poignée d’armateurs. Concentration des subventions, accaparement des quotas, bateaux libyens mystérieusement amarrés dans un port français, tous les moyens sont bons pour mettre la main sur ce trésor de la Méditerranée.
Notes et Références
13 octobre 2016
Se battre pour la protection du bien commun passe inévitablement par la case juridique