Association Bloom

Contre la destruction de l'océan et des pêcheurs

Une ONG 100% efficace

22 février 2021

Label MSC : la belle arnaque

Derrière le logo bleu du MSC qui prétend certifier la « pêche durable » se cache une véritable imposture. Comme BLOOM l’avait révélé en mai 2020, la pêche industrielle à fort impact représente en effet 83% des volumes certifiés par le MSC entre 2009 et 2017. Pourtant, les images qu’ils ont utilisées dans leur communication au cours de la même période mettent principalement en avant la petite pêche artisanale.

Pour le MSC, quasiment tout est certifiable[1]et il n’est nullement question d’engin de pêche ou de taille de navire.[2]Dans un documentaire inédit diffusé le jeudi 18 février 2021 sur France 2, l’équipe de Complément d’enquête a mené une investigation sur ce label trompeur. Suite à cette émission, BLOOM fait le point sur quelques-unes des très nombreuses pratiques destructrices certifiées “durables” par le MSC.

> Revoir le Complément d’enquête

Le chalutage profond : pêche destructrice par excellence mais certifiée « durable »

Pendant huit années, BLOOM s’est battue bec et ongles pour obtenir l’interdiction de la pêche profonde en raison de l’aberration écologique et économique que représentait cette pêche. Grâce aux citoyens, à des élus précieux, au relai de notre pétition par Pénélope Bagieu etc., nous avons fini par obtenir cette interdiction dans les eaux européennes. Mais ailleurs, comme par exemple en Nouvelle-Zélande, cette pratique est considérée comme « durable » par le label MSC.

> Pour en savoir plus, lire notre actu sur la certification de la pêcherie d’Empereur

 

Dans notre étude publiée en mai 2020,  nous notions par ailleurs que le tiers des volumes certifiés MSC provenait du chalutage de fond. Profond ou non, mais toujours 100% destructeur.

> Lire notre rapport résumant cette étude.

 

Les DCP : un exemple flagrant de pêche destructrice certifiée “durable”

Autre pêcherie destructrice dont le nombre de certifications MSC est voué à exploser dans les années qui viennent : la pêche thonière tropicale sous les fameux « dispositifs à concentration de poissons » (DCP). Ces structures permettent d’augmenter les captures de thons, mais attirent également de nombreux requins, tortues, juvéniles de thons etc. dont une grande partie meurt lors de l’opération de pêche. Cette pratique représente aujourd’hui la majorité des captures de thons au niveau mondial. On les retrouve ensuite dans les boîtes de conserve comme celles de Petit Navire et Saupiquet.

> Voir la vidéo de Brut issue du Cash Investigation sur les DCP

 

En novembre 2018, la première pêcherie thonière sous DCP a été certifiée : celle du groupe espagnol Echebastar. Depuis lors, tous les industriels ambitionnent d’obtenir à leur tour le logo. Avec un tel sésame, ils pourraient ainsi se targuer de pratiquer une pêche « durable ». C’est par exemple le cas de la Compagnie française (mais sous capitaux néerlandais) du thon océanique (CFTO), ou des espagnols de l’AGAC, qui ne visent rien de moins que la certification de l’intégralité de leurs navires, opérant tout autour du monde et pour toutes les espèces ciblées, soit plus de 8% des captures mondiales de thon !

Avant que l’utilisation de DCP ne soit officiellement couronnée « durable » par le MSC, la situation n’était pas plus reluisante. Le label avait en effet recours à ce que nous avons appelé la « compartimentation ». Avec ce système de compartimentation, une même pêcherie pouvait par exemple être certifiée pour son activité du matin (sans DCP), mais pas pour son activité de l’après-midi (avec DCP). En août 2017, cette situation ubuesque nous avait alors poussés à créer le collectif On The Hook qui a fini par obtenir la fin de cette pratique en mars 2020.

L’exemple le plus connu de cette compartimentation est la pêcherie thonière de l’Accord de Nauru, dans le Pacifique. Il s’agit actuellement de la deuxième pêcherie certifiée MSC la plus importante en terme de volumes puisqu’environ 750 000 tonnes de thons sont capturées par an. Cette pêcherie a aussi été vivement critiquée pour sa pratique de l’aileronnage de requin, ou encore pour des problèmes de violation des droits de l’Homme à bord des navires.

La liste de pêcheries problématiques est très longue. Au-delà des quelques exemples détaillés ci-dessus, nous pouvons également citer :

  • Les pêcheries minotières, dont les captures sont destinées à être réduites en farine/huile pour les besoins de l’élevage. C’est par exemple le cas des deux organisations danoises DFPO et DPPO pour la pêche aux lançon, tacaud et sprat en Mer du Nord et en Skagerrak/Cattégat (entre le Danemark et la Norvège/Suède).[3] En 2014, cette pêcherie capturait 320 000 tonnes de ces trois espèces, soit grosso modo l’équivalent de 60% des captures françaises toutes espèces confondues ! Dans cette même catégorie, nous pouvons également citer les pêcheries de krill –maillon ô combien fragile et indispensable des écosystèmes antarctiques – pêchés eux aussi pour faire de l’huile pour les animaux d’élevage ou pour fabriquer des croquettes pour chien.[4]
  • Les pêcheries à la drague hydraulique,[5] dont la description par les certificateurs laisse rêveur : « La drague hydraulique est comme un grand traîneau avec une rangée de buses à l’avant. L’eau est pompée du navire vers les buses par un long tuyau. Les buses injectent l’eau sous pression dans le sédiment, l’amollissant et le liquéfiant de sorte à ce que la lame de la drague, d’une longueur d’environ 15 cm, pénètre le sédiment et sépare les coquillages du sédiment ».[6]
  • La pêcherie canadienne d’espadons à la palangre,[7] dont les lignes de plusieurs dizaines de kilomètres de long et équipées de plusieurs milliers d’hameçons attrapent requins, tortues etc.
  • La pêcherie mexicaine de thons,[8] qui cible les dauphins vivant en association avec les thons dans cette partie du globe.

La pêche illégale n’est pas inquiétée

Pour le MSC, la « durabilité » semble donc, en grande partie, se mesurer « aux systèmes de contrôles et de surveillance en place permettant d’assurer une exploitation raisonnée du stock et un impact minimisé sur les écosystèmes ».[9] Mais avec le MSC, il faut bien comprendre qu’il y a l’esprit et la lettre. Autrement dit, il y a les intentions grandiloquentes d’un côté, et une réalité qui se situe aux antipodes de ces ambitions de l’autre. L’illégalité en est l’un exemple des plus éloquents.

Prenons un exemple très proche de nous et que nous connaissons bien : celui de la pêche néerlandaise. La ministre de la pêche Carola Schouten vante ainsi qu’ »une plus grande durabilité des pêcheries reste importante, également pour l’avenir. Cela nécessite non seulement l’engagement politique, mais aussi l’engagement d’initiatives telles que le label de qualité MSC ». Aujourd’hui, 80% des pêcheries néerlandaises sont en effet certifiées MSC.[10] Mais les représentants de ces pêcheries ont beau reconnaître ouvertement avoir des pratiques illégales, ils ne sont pourtant nullement inquiétés. Dans un courrier daté d’octobre 2020, une organisation de pêcheurs néerlandais a demandé à tous ses adhérents de cesser de tricher car l’analyse menée en interne démontrait l’utilisation d’un maillage non-réglementaire. La fraude permanente des industriels néerlandais est un secret de polichinelle, mais sont-ils inquiétés par le MSC ? Non.

Le respect de la réglementation est tellement inexistant dans le spectre des pêcheries certifiées MSC que le représentant d’Euronor (également une entreprise néerlandaise sous capitaux néerlandais) dit même dans Complément d’enquête que la certification ne lui serait pas retirée en cas d’infraction ! Et le pire est qu’il n’a sans doute pas tort comme l’a déjà montré le cas de Clearwater. Ce partenaire du MSC dans l’organisation de sa « Semaine de la pêche responsable » a en effet été condamné en 2019 pour ses activités illégales en 2016–2018.[11] À cette époque, la vice-présidente de Clearwater siégeait au Conseil d’administration du MSC… Clearwater a-t-elle été inquiétée par le MSC ? Non.

Pêche industrielle, MSC et grande distribution : même combat

Le MSC — qui, comble du cynisme, se présente comme une ONG environnementale — sert ainsi de refuge à la grande distribution qui n’a aucun effort à faire dans sa politique d’achat de poisson. En choisissant la facilité de ce label trompeur, les enseignes se font toutes complices du MSC, de ses mensonges, et de la légitimation de la destruction de l’océan.

Alors, que faire ? Pas de panique. Si vous voulez tout de même consommer un peu de poisson mais que vous avez perdu, à juste titre, votre confiance dans le MSC, visitez notre page Mieux consommer.

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