28 août 2018
Ci-dessous, nous dressons une liste non exhaustive de faits à savoir ou à retenir pour se rappeler et juger l’action du gouvernement Macron en matière de transition écologique et solidaire.
Les citoyens sont invités à nous aider à compléter cette liste qui doit nous servir de mémoire collective.
Avril 2015 : Emmanuel Macron donne son accord pour l’extraction de sables dans la Baie de Lannion
Le ministre de l’économie permet à la Compagnie armoricaine de navigation d’extraire du sable coquillier dans la baie de Lannion bien que la zone se trouve à proximité d’un espace protégé Natura 2000. En sept. 2015, le décret autorisant cette exploitation paraît au Journal officiel.
> En savoir plus sur l’extraction de sable
Août 2015 : Ministre de l’économie, Emmanuel Macron soutient le projet d’extraction minière « Montagne d’Or » en Guyane
De passage sur le site minier comme ministre de l’économie, Emmanuel Macron manifeste son soutien au projet Montagne d’or. « Vous avez ici un industriel de rang mondial, exemplaire, qui, sur le plan scientifique, environnemental, social, se comporte de la meilleure façon, fait des investissements et est prêt à aller au bout », avait-il alors déclaré. S’il était réalisé, ce projet ne toucherait pas uniquement la forêt mais aussi l’intégralité des bassins versants et vie marine à l’embouchure des fleuves/rivières.
Décembre 2016 : candidat à la présidentielle, Macron réitère son soutien au projet « Montagne d’Or »
De retour en Guyane, le candidat à la présidentielle réitère son engagement pour la filière minière et le projet Montagne d’Or, « sous réserve » du respect de l’environnement et du développement durable.
16 janvier 2017 : Mensonge de Macron sur les sables de Lannion
En voyage à Quimper, le candidat à la présidentielle nie avoir autorisé l’extraction de sables coquilliers à Lannion, dans les Côtes d’Armor. C’est pourtant bien lui qui, en tant que ministre de l’économie, a accordé une concession de quinze ans sur quatre kilomètres carrés dans la baie de Lannion à la Compagnie armoricaine de navigation. L’extraction des sables menace les équilibres écologiques, les eux zones protégées Natura 2000 ainsi que la stabilité du littoral. Malgré les campagnes de plusieurs associations et d’élus locaux, soutenus par la ministre Ségolène Royal, les demandes d’annulation du permis échouent en justice et l’extraction de sable démarre bien le 5 septembre 2016.
14 juin 2017 : le projet de loi visant à « moraliser » la vie publique fait l’impasse sur les lobbies
Le projet de loi « Moralisation de la vie publique », rebaptisé « Loi pour la confiance dans notre vie démocratique » est présenté en conseil des ministres. Il s’articulera autour d’une révision constitutionnelle, d’une loi ordinaire et une loi organique. Il fera totalement l’impasse sur l’encadrement des lobbies.
21 juin 2017 : remaniement. Liberté conditionnelle au Ministère de Nicolas Hulot
Deux secrétaires d’Etat à la transition écologique « secondent » désormais Nicolas Hulot : Brune Poirson, venant de Veolia et Sébastien Lecornu, ancien conseiller ministériel de Bruno Le Maire à l’Agriculture.
Fin juillet 2017 : lancement d’Etats Généraux de l’Alimentation sous influence de la FNSEA
Au moment où les ONG ont la garde baissée, où les agriculteurs travaillent d’arrache-pied dans les champs, le gouvernement lance de façon non démocratique et non participative une grande consultation sur l’alimentation, en omettant d’inclure la pêche au périmètre des débats ! L’influence de la FNSEA sur la feuille de route du gouvernement (méthode, choix du découpage des ateliers, constitution des groupes de travail, nominations…) est dénoncée par les acteurs associatifs.
Une cinquantaine d’organisations de la société civile se rassemblent au sein de la « Plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire » et se mobilisent pour porter ensemble des propositions concrètes à la table des concertations. Ces propositions ne seront pas entendues. En réalité, les ateliers et les propositions sont dirigés par la FNSEA et les acteurs de la grande distribution.
Après avoir essayé de porter des demandes concernant le secteur de la pêche pendant plusieurs semaines, BLOOM se retire des discussions.
Août 2017 : le Conseil constitutionnel valide en catimini le CETA
Comme s’il s’agissait d’un hasard du calendrier, le Conseil constitutionnel choisit la date la plus creuse de l’année pour rendre un avis favorable à un projet cher à Emmanuel Macron : l’accord de libre-échange CETA.
>Le 18 septembre, 52 organisations, dont BLOOM, demandent la suspension de l’application provisoire du CETA
21 sept. 2017 : Le CETA entre en vigueur contre la volonté des citoyens.
26 sept. 2017 : Lobbying de la France pour réintroduire les aides publiques à la construction de navires de pêche
La France fait pression sur la Commission européenne pour la réintroduction des aides à la construction de nouveaux bateaux, malgré l’interdiction en vigueur dans l’UE depuis 2005. Ceci fait écho à la demande pressante des lobbies de la pêche industrielle dont les méthodes de pêche très impactantes, comme le chalut de fond, consomment énormément de gasoil et dépendent des subventions publiques, contrairement aux méthodes de pêche douces des pêcheurs artisans.
26-27 oct. 2017 : Voyage présidentiel en Guyane
Le 26 octobre, Nicolas Hulot insiste longuement auprès d’Emmanuel Macron sur les menaces pour l’environnement du gigantesque projet minier « Montagne d’or » au cœur de la forêt amazonienne. Porté par un consortium russo-canadien, ce projet très controversé menace directement deux réserves biologiques exceptionnelles. Les défenseurs de l’environnement et les associations locales demandent son arrêt immédiat.
Le 27 octobre, le chef de l’Etat se dit favorable au dossier : « C’est un projet qui, je le pense, sur ses fondamentaux, peut être bon pour la Guyane. » « Je souhaite que la Guyane puisse réussir avec ses atouts, et je ne suis pas pour la mettre sous une cloche. »
>A cette occasion, BLOOM et les professionnels de la pêche de Guyane interpellent le Président Macron au sujet de la pêche illégale qui sévit dans ces eaux
29 janvier 2018 : Le Conseil d’Etat annule l’interdiction de reproduire des orques et des dauphins en captivité
Le Conseil d’Etat annule l’arrêté ministériel signé par Ségolène Royal le 3 mai 2017 visant à interdire la reproduction des orques et dauphins en captivité. Cette décision a été prise à la demande des parcs Marineland à Antibes.
Mai 2018 : Le gouvernement s’attaque à la Loi Littoral
Depuis 1986, la France est dotée d’une loi dite « Littoral » qui interdit la construction de nouveaux bâtis proche des côtes, sauf si les constructions sont connexes à une agglomération existante. Or par le biais de la loi ELAN (Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique), le gouvernement entend donner le droit de construire des bâtiments dans les parcelles de nature situées entre deux constructions !
29 août 2018 : Nicolas Hulot démissionne et signe la condamnation du bilan écologique désastreux du gouvernement
> Lire la lettre ouverte de la présidente de BLOOM, Claire Nouvian, à Nicolas Hulot, publiée sur le site de l’OBS « Nicolas, merci d’avoir enfin craqué ! »
27 sept. 2018 : Macron commence à reconnaître le scandale du chlordécone
Lors d’un déplacement aux Antilles, Emmanuel Macron reconnaît le scandale « environnemental » du chlordécone (pesticide ultratoxique utilisé en masse en Guadeloupe et Martinique dans les bananeraies entre 1981 et 1993) mais s’abstient soigneusement de reconnaître la dimension « sanitaire » du scandale, qui impliquerait une indemnisation des populations touchées. Interdit en France métropolitaine depuis 1990, il a continué à être utilisé aux Antilles malgré la connaissance de ses méfaits jusqu’en 1993. L’épandage aérien de pesticides continue à jouir de dérogations, et en Martinique, la zone d’aspersion est réduite à 50 mètres des habitations alors qu’elle est de 300 mètres dans l’UE (dans le cadre de dérogations contournant déjà la directive européenne).
> En savoir plus sur le chlordécone et son impact sur l’environnement marin et les pêcheurs
11 oct. 2018 : deux textes scandaleux pour faciliter le forage en Guyane
Le premier est un décret qui modifie les règles du jeu et permet à Total de lancer les travaux de son forage exploratoire ultra-profond (la roche sera sondée entre 2000 et 6000 mètres) au large de la Guyane au bout d’un mois, et non au bout des trois mois réglementaires. Cela ne laisse qu’un mois à la préfecture maritime et à l’IFREMER pour examiner en détail le programme de travaux de Total et rendre un avis.
Le deuxième texte est un arrêté qui permet « d’adapter la technique de conception des puits de forage à la géologie locale » et autorise ainsi Total à jouer aux apprentis sorciers avec des techniques de forage non homologuées et sans aucune sécurité environnementale.
Pour en savoir plus, suivez l’actualité du collectif : « Stop Pétrole Offshore Guyane »
15 octobre 2018 : contrairement à la promesse gouvernementale, le projet de loi de finances 2019 (PLF) n’intègre pas les engagements climatiques
Les discussions parlementaires ont démarré à propos d’un PLF 2019 qui ne tient pas compte des engagements climatiques de la France, alors qu’Emmanuel Macron et Nicolas Hulot avaient explicitement promis au « One Planet Summit » de 2017 que le budget de la France serait compatible avec nos objectifs climat. Impossible de juger de l’évolution de la fiscalité, de la disparition des niches fiscales anti-écologiques ou les investissements pro et anti-climat dans ce contexte. Lire l’article de ReporTerre.
25 octobre 2018 : la Commission nationale du débat public confirme le vice de procédure du projet de forage de Total en Guyane
L’avis de l’autorité environnementale avait soulevé un point crucial lors de l’enquête publique (expédiée en plein mois d’août !) en montrant que Total avait annoncé un budget de travaux de 100 millions d’euros mais sans que celui-ci ne couvre la totalité des activités de forage. Or le seuil de 300 millions d’euros déclenche automatiquement la saisine de la Commission nationale du débat public (CNDP). Le collectif d’associations « Stop Pétrole Offshore Guyane » interpelle la CNDP à ce sujet qui confirme, le 25 octobre par le biais d’un tweet de sa présidente, Chantal Jouanno, qu’il y a bien eu vice de procédure.
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La liste se poursuit. Nous la constituons au fur et à mesure. Vos apports et analyses expertes sont bienvenues !