19 mars 2013
L’association BLOOM publie aujourd’hui une estimation inédite des emplois générés par le secteur de la pêche profonde en France, un secteur très restreint puisque seuls neuf navires (dont six appartenant à Intermarché) capturent 98,5 % des prises françaises d’espèces profondes.
Selon l’analyse de BLOOM, 112 marins en équivalent temps plein (ETP) sont employés à bord des navires pratiquant à des degrés très divers la pêche en eau profonde. Aucun des navires ne cible exclusivement les espèces profondes, celles-ci ne représentant qu’un maximum de 40% des captures des bateaux les plus impliqués. Ramenés au pro rata des captures d’espèces profondes, il s’agit alors de 44 emplois embarqués directement liés à l’activité « pêche profonde ».
Ces 44 à 112 emplois directs représentent 0,2 à 0,5% des marins français actifs en 2012.
En appliquant un multiplicateur de 2 à 3,2 – fourchette conservatrice et haute – pour estimer les emplois induits à terre par un emploi en mer, l’ensemble de la filière « pêche profonde » en France représente donc un total de 88 à 358 emplois, selon la valeur initiale retenue. Ces multiplicateurs équivalent à des valeurs de 3 à 4,2 selon la méthode utilisée par l’étude de l’Agence d’urbanisme de Lorient.
L’impact du règlement pêches profondes proposant l’interdiction des méthodes de pêche les plus destructrices pour l’environnement (le chalutage de fond en grande profondeur et les filets maillants de fond) peut être évalué en fonction de plusieurs scénarii :
• Dans le cas d’une reconversion des chalutiers de fond ciblant des espèces profondes vers une méthode de pêche plus sélective comme la palangre, l’impact sur l’emploi serait nul voire positif car la palangre semble plus consommatrice de main d’œuvre par kilo de poisson pêché que le chalut.
• Dans le cas de la suppression des postes au pro rata des captures d’espèces profondes, entre 88 et 140 emplois seraient concernés.
• Dans le cas d’un arrêt total d’activité des bateaux ciblant partiellement des espèces profondes (bien que celles-ci ne représentent qu’un maximum de 40% de leurs captures et qu’il n’y a donc pas lieu d’envisager un scénario aussi radical), la perte totale d’emplois pour la filière pêche française se situerait entre 224 et 358 emplois.
Cette estimation contredit les chiffres avancés par le pays de Lorient (600 emplois pour la seule région lorientaise) dès la sortie de la proposition de règlement de la Commission européenne en juillet dernier. BLOOM s’est étonnée de cette estimation très haute alors qu’un maximum de 200 emplois avait été plusieurs fois évoqué par les professionnels au cours de la mission ‘Pêche profonde’ du Grenelle de la Mer. Malgré nos demandes, les bases du calcul de cette étude publique ne nous ont pas été communiquées, le cabinet Pricewaterhouse Coopers l’ayant réalisée pour le compte de l’Agence d’urbanisme du pays de Lorient (AuDéLor) ayant répondu qu’elles étaient « confidentielles. »
BLOOM a analysé en détail cette estimation et relevé plusieurs problèmes qui invalident ses résultats.
L’estimation de BLOOM révèle que quelles que soient les valeurs de multiplicateurs retenues, les activités de pêche en eau profonde en France sont résiduelles au regard de l’emploi dans le secteur global de la pêche et que l’impact du règlement européen ‘pêche profonde’ sur cette activité résiduelle serait minime, voire générateur d’emplois. La vulnérabilité est à chercher du côté de la flotte d’Intermarché, la Scapêche, qui a fait de la capture d’espèces profondes une spécialité (celles-ci représentent jusqu’à 85% des prises françaises d’espèces profondes) et en est ainsi devenue l’acteur dominant en France. Alors que la flotte d’Intermarché, caractérisée par le chalut de fond, s’est engagée depuis quelques années dans une politique de reconversion, comme la récente acquisition d’un caseyeur en atteste, cela a-t-il un sens de mobiliser les eurodéputés et le gouvernement français pour éviter à Intermarché d’assumer ses erreurs de choix stratégique ? La pêche profonde au chalut de fond, chroniquement déficitaire et subventionnée, fortement consommatrice de gasoil et destructrice des milieux et organismes marins les plus vulnérables de la planète, n’est pas la pêche de l’avenir, il faudra bien se résoudre à cette évidence.
Lire l’analyse de BLOOM : 2013_19_mars_EMPLOIS_PECHE_PROFONDE
8 mars 2013 | Ouest France
« Dans Le Marin : la lettre ouverte de BLOOM »
7 mars 2013 | Le Marin
Lettre ouverte de BLOOM : « BLOOM demande des comptes à la Scapêche »
6 mars 2013 | Europe 1
Chronique de Yolaine de la Bigne
Intermarché versus BLOOM : round 2
Ecouter ici
6 mars 2013 | Néoplanète
Intermarché versus BLOOM : round 2
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6 mars 2013 | Portail SFR
En plein chalutage
20 février 2013 | New York Times
Europe’s rift over overfishing and subsidies
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19 février 2013 | Ouest France
La Scapêche sur la sellette
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19 février 2013 | AlterMonde sans frontière
Les Mousquetaires de la pêche aux subventions
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15 février 2013 | Ouest France – Lorient
La Scapêche, cible privilégiée de BLOOM
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15 février 2013 | EELV Douarnenez
La pêche profonde, Intermarché décortiqué par BLOOM
http://vertsdouarnenez.blogspot.fr/2013/02/la-peche-profonde-captation-d…
14 février 2013 | ReporTerre
http://www.reporterre.net/spip.php?article3844
14 février 2013 | UnderCurrent News
Scapêche accounts « show years of losses »
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Intermarché Fleet is « Loss-making, destructive, propeed up by subsidies »
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14 Février 2013 | Journal de L’Environnement
Les poissons des Mousquetaires ne passent pas les mailles des filets de BLOOM
14 Février | Enviro2B
http://www.enviro2b.com/2013/02/14/peche-la-flotte-dintermarche-pas-viable-economiquement-selon-une-ong/
Le 14 février 2013 | Le Marin
Bloom dégaine avant les auditions au Parlement
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Le 13 février 2013 | Le Canard Enchaîné
Les Mousquetaires de la pêche aux subventions
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Le 13 février 2013 | IntraFish
NGO blasts Intermarché’s fishing operations