01 janvier 2011
Pêche profonde : Que dit la science ?
Le paradigme des profondeurs dépourvues de vie était encore bien ancré dans les mentalités, y compris celles des chercheurs, dans les années 1980. Les découvertes de quantités phénoménales d’empereurs sur les pentes de monts sous-marins par des pêcheurs néo-zélandais et australiens au début des années 1980 ont pris par surprise les biologistes profonds, qui ne connaissaient pas l’existence de ces abondances et quasiment pas les espèces elles-mêmes. Une décennie plus tôt, les 900 000 tonnes de « têtes casquées » (Pseudopentaceros wheeleri, pelagic armorhead) capturées par les chalutiers soviétiques et japonais sur les monts sous-marins du Pacifique Nord étaient passées quasiment inaperçues. Les halieutes occidentaux et les biologistes profonds ont échoué à anticiper l’ampleur des pêcheries profondes. C’est dans ce contexte d’immense retard de la science sur les pratiques d’exploitation que les pêcheries profondes industrielles ont émergé dans le monde.
Aujourd’hui, les études scientifiques produites depuis plus de deux décennies ainsi que le schéma d’effondrement en série des stocks de poissons profonds et l’empreinte écologique substantielle de ces pêcheries ont contribué à en faire un sujet brûlant de l’actualité scientifique, politique et diplomatique.