En 2012, BLOOM a publié une étude sur le marché mondial du squalane. Cette analyse révélait que l’industrie cosmétique était la principale utilisatrice de squalane animal. Découvrez les résultats de notre enquête.
Certaines marques de cosmétiques continuent d’utiliser du squalane, une substance issue de l’huile de foie de requin, dans la composition de leurs crèmes hydratantes. Or on estime à trois millions le nombre de requins profonds tués chaque année pour répondre spécifiquement à la demande internationale en squalane. Pour certains d’entre eux c’est près de 95% de la population qui a été décimée. En supprimant ces grands prédateurs, c’est toute la chaîne alimentaire marine que l’on déséquilibre.
En 2012, BLOOM a publié une étude sur le marché mondial du squalane. Cette analyse révélait que l’industrie cosmétique était la principale utilisatrice de squalane animal.
Deux ans plus tard, en 2014, BLOOM a testé 72 crèmes pour la peau comportant la mention «squalane» sur leur étiquette afin de savoir si celles-ci avaient éliminé le squalane animal de leurs lignes de production. L’objectif était de fournir un aperçu de l’évolution des pratiques quant à l’utilisation de squalane de requin et de squalane végétal dans les cosmétiques.
Les résultats sont formels pour 62 des crèmes passées au test : une sur cinq contient du squalane de requin !
Soit les marques achètent du squalane animal, moins cher que le squalane végétal, pour réaliser une marge plus importante, soit elles sont trompées par leurs fournisseurs qui leur vendent du squalane mélangé en le faisant passer pour du squalane végétal pur.
Laure Ducos, principale auteure de l'enquête
La plupart du temps, le squalane d’origine animale est utilisé en mélange avec du squalane d’olive. Il est possible que certains fournisseurs vendent aux marques ce squalane mixte, plus rentable, en le faisant passer pour du squalane végétal pur. Si la faute est peut-être à chercher du côté des fournisseurs de squalane, les marques ne sont pas exemptes de responsabilité sur la composition de leurs produits car il existe depuis 2010 des tests fiables, peu coûteux et rapides à mettre en place pour vérifier la nature du squalane qui leur est vendu. Depuis l’étude de BLOOM en 2012, les marques ont disposé de plus de deux ans pour retirer de leurs lignes de production tout squalane animal. C’est d’ailleurs ce que la plupart des marques occidentales semblent avoir fait ; les autres n’ont plus aucune excuse.
Étant donné que des substituts d’origine végétale permettent un approvisionnement sans impact sur les populations sauvages de requins, les entreprises devraient prendre l’engagement formel et définitif de remplacer leur approvisionnement en squalane animal par du squalane végétal et d’assurer une mise en œuvre rigoureuse de leur engagement en testant les lots de squalane végétal qu’elles se procurent.
L’affichage et l’étiquetage de l’origine du squalane utilisé dans les produits devraient être obligatoires et l’obligation inscrite au sein de la Directive du Conseil 76/768/CEE ; en attendant que la réglementation européenne ou nationale change, les marques peuvent prendre les devants en choisissant de mentionner spécifiquement l’origine de leur squalane dans la composition de leurs crèmes.
Un code douanier spécifique devrait être créé permettant de distinguer les catégories suivantes (à l’heure actuelle, le squalane de requin entre dans la catégorie amalgamée d’huile de poisson) :
• squalane d’olive / squalane de canne à sucre
• squalane de requin
La production et l’utilisation de squalane de requin devraient être interdites au niveau européen. Cette interdiction pourrait ensuite être étendue au niveau mondial par le truchement de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Le 26 mars 2015, l'émission La Quotidienne de France 5 a réalisé un reportage sur le squalane de requin suite à la publication de l'étude de BLOOM.
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