20 décembre 2013
Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires
Rapport au Parlement – édition décembre 2013
Un rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires a révélé en décembre 2013 que les rayons poissonneries des grandes et moyennes surfaces (GMS) étaient déficitaires.
Le rapport conclut que « le rayon poissonnerie des GMS apparaît comme l’un des moins « individuellement rentables », sous l’effet notamment de l’importance du personnel dédié (vente assistée traditionnelle) et des pertes de produits (liées à leur grande périssabilité), mais aussi de par la répartition des charges communes entre les rayons. » (p. 12)
L’étude relève au passage « l’absence de données de prix représentatives et régulièrement renseignées aux stades « intermédiaires » du circuit, entre la 1ère mise en marché en criée et la vente au détail. » (p. 49).
En prenant l’exemple du merlan, l’analyse révèle que les « marges brutes du mareyage-filetage et de la GMS sont du même ordre de grandeur », soit environ 34%, mais en raison des frais de personnel dédié « importants », « du fait notamment du réassortiment fréquent du rayon, de la vente assistée, de la préparation de produits en magasin »…
Le rapport conclut que cela « entraîne une marge nette négative » des rayons poissonneries en grandes surfaces, les pertes étant de l’ordre de 3 à 4% du chiffre d’affaires du rayon (après impôts).
Dans le contexte actuel du débat sur la pêche en eaux profondes au chalut, fortement décriée par les chercheurs et rejetée par les citoyens, cette analyse retire aux défenseurs du chalutage profond les rares arguments qu’il leur restait. Cela prouve que la pêche profonde au chalut, déjà déficitaire et subventionnée au niveau des flottes de pêche, n’atteint même pas la rentabilité au niveau des poissonneries des grandes surfaces. Ceci signifie que le rayon marée n’est qu’une « obligation » commerciale permettant d’attirer les clients car ceux-ci choisissent leur enseigne en fonction de certains rayons « phare » (boucherie, marée)…
La destruction des océans profonds et de l’immense biodiversité qu’ils abritent n’est pas simplement gratuite, elle nous coûte cher, et cela seulement pour… ? qu’Intermarché remplisse ses rayons poissonneries et attire les chalands !
Une stratégie qui fonctionne : le groupement des Mousquetaires annonçait en 2008 déjà « une part de marché « poissons » de 15,6% » (traditionnel et libre service) alors qu’au global, ils ne détiennent que 12,8% du marché. (voir « Bonne pêche pour les Mousquetaires » LSA, le 29 mai 2008.)
Pour en savoir plus, lire notre classement des supermarchés.