05 mai 2020
BLOOM publie aujourd’hui, avec des coauteurs des universités de New York (États-Unis) et de Dalhousie (Canada), une étude démontrant que les pêcheries certifiées par le label MSC sont principalement destructrices et industrielles, à l’inverse de la communication déployée par le MSC.
En 1997, une vague d’optimisme a parcouru la communauté internationale se préoccupant de l’état de santé de l’océan. Ce fait assez rare tant l’état des écosystèmes marins ne fait que se dégrader était dû à la création du label MSC. Comme son nom l’indique, le label « Marine Stewardship Council » promettait de « guider » le grand public, et par ricochet l’ensemble du secteur de la pêche, vers la durabilité. Les citoyens pourraient enfin acheter du poisson « sans se sentir coupables« .[i] 20 ans plus tard, la désillusion est amère pour les scientifiques et les ONG qui ont soutenu le lancement et la démarche de cet écolabel, initialement créé par le WWF et le géant de l’agroalimentaire Unilever, et devenu entre-temps le leader mondial des écolabels des produits de la mer.
Les critiques, au début timides, ont été de plus en plus nombreuses et sévères, mettant en cause tant le manque d’ambition du label que l’application de ses standards et l’impartialité du processus de certification.[1-7] Les dirigeants du MSC ont répondu aux critiques en répétant que l’écolabel donnait « la garantie qu’aucune méthode destructrice n'[était] autorisée ».[ii] Une assertion maintes fois martelée, mais jamais vérifiée.
BLOOM et ses coauteurs ont procédé à l’analyse exhaustive de toutes les pêcheries certifiées MSC depuis les origines du label. « Nos résultats révèlent de façon imparable l’ampleur de l’imposture du label MSC : à l’opposé de ses affirmations, le label MSC certifie en fait principalement des pêcheries industrielles destructrices » explique Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM et premier auteur de l’étude.
« Nous avons en outre passé au crible la communication du MSC et avons découvert que le label MSC cachait ce vice fondamental en mettant principalement en avant la petite pêche côtière ayant un faible impact sur l’environnement marin » continue-t-il.
En instrumentalisant les petits pêcheurs côtiers dans sa communication, le MSC fait le greenwashing de la pêche industrielle et lui facilite, voire lui maintient, l’accès aux marchés au moment même où croît la défiance vis-à-vis des méthodes de production industrielle. Jamais un faux-semblant de durabilité n’aura été plus utile aux industriels qu’à une époque où les citoyens, las des mensonges et scandales agroalimentaires à répétition, prennent acte de l’irresponsabilité du secteur industriel et se tournent vers d’autres habitudes et circuits de consommation.
« Aujourd’hui, nous ne croyons plus du tout au MSC. Ça a été le cas par le passé mais ses dérives sont aujourd’hui irrécupérables. Le MSC est devenu un frein à la pêche durable. En servant de bouclier markéting aux industriels de la pêche mondiale, le MSC empêche aujourd’hui toute possibilité de changement structurel du secteur de la pêche en légitimant les pires pratiques » commente Frédéric Le Manach. Au moment où les citoyens sont plus déterminés que jamais à soutenir une pêche vertueuse de proximité, ils se trouvent démunis, ne disposant pas d’outil fiable pour guider leurs achats responsables. Dans son document résumé de plaidoyer, BLOOM demande aux enseignes de distribution d’arrêter d’être complices des mensonges du MSC et de cesser de se réfugier derrière ce label trompeur, au lieu de mettre en place une réelle exigence dans leurs achats de poisson.
Les résultats en bref
Méthodologie de l’étude
Les principales critiques formulées à propos du MSC
Chiffres-clef du label MSC
[1] Froese and Proelss (2012), available at: http://dx.doi.org/10.1016/j.marpol.2012.03.017.
[2] Opitz et al. (2016), available at: http://dx.doi.org/10.1016/j.marpol.2016.05.003.
[3] Kourantidou and Kaiser (2019), available at: https://doi.org/10.1093/icesjms/fsy198.
[4] Galil et al. (2013), available at: https://doi.org/10.1007/s10530-013-0460-9.
[5] Jacquet et al. (2010), available at: https://doi.org/10.1038/467028a.
[6] Christian et al. (2013), available at: https://doi.org/10.1016/j.biocon.2013.01.002.
[7] Ward (2008), available at: https://doi.org/10.1111/j.1467-2979.2008.00277.x.
[8] Fiorillo (2020), available at: https://www.intrafish.com/opinion/why-is-the-marine-stewardship-council-hoarding-its-cash-/2-1-758524.
[i] Voir par exemple cet exemple de communication : http://back-from-the-brink.msc.org/.
[ii] Discours de Rupert Howes, PDG du MSC, prononcé en 2018, disponible à : www.youtube.com/watch?v=bMMAOzyjd_M.
[iii] L’intégralité des données et scripts de traitements informatiques sont également disponibles ici : http://dx.doi.org/10.17632/gpynbmn7f9.1.
[iv] Voir le rapport d’activités 2018–2019 du MSC, disponible à : https://bit.ly/3axR5i2.
09 mars 2020
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