14 février 2017
Comment la pêche industrielle réduit des poissons parfaitement comestibles en farines pour les élevages de poissons, de porcs et de volailles.
BLOOM a plongé dans le monde opaque de la « pêche minotière » qui capture les poissons situés en bas de la chaîne alimentaire — comme les sardines et les anchois — afin de les réduire en farines et en huile pour alimenter les poissons d’élevage, les porcs et les volailles, bien que 90% des poissons ciblés soient parfaitement comestibles par les humains.
Par le biais de ce rapport et d’une étude scientifique conduite simultanément, BLOOM met en lumière que la pêche minotière, résultant de la surexploitation globale des stocks de poissons traditionnels, contribue désormais, au niveau mondial, à surexploiter de façon séquentielle les premiers échelons de la chaîne alimentaire, pourtant indispensables aux équilibres océaniques.
=> Consulter le dossier d’alerte de BLOOM (4 pages en français), le rapport complet (en anglais), ainsi que la publication scientifique dont BLOOM est co-auteur.
Dans leur insatiable quête de ressources à capturer, les navires-usines gigantesques ont étendu leurs activités aux eaux lointaines des pays en développement, où ils sont entrés en concurrence directe avec les pêcheries vivrières locales en capturant ces petits poissons dits « de fourrage », ce qui constitue une grave menace pour la sécurité alimentaire.
Notre étude montre également que les farines alimentent une aquaculture non durable de poissons carnivores (saumons, daurades etc.) et servent d’aliments à des espèces telles que les porcs, les volailles ou les visons (élevés pour leur fourrure) qui ne mangent pas naturellement de poisson et pour lesquels les protéines marines sont totalement superflues.Tout le cycle de la pêche minotière, depuis le ciblage initial des poissons consommables jusqu’à l’utilisation finale de la farine de poisson dans les élevages aquacoles, porcins et avicoles, est contraire au Code de conduite pour une pêche responsable établi par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui stipule expressément que la pêche doit contribuer à la sécurité alimentaire et que la transformation en farine et huile de petits poissons pélagiques de qualité alimentaire doit être limitée aux espèces non consommables (comme les poissons sangliers).
Pour finir, le rapport de BLOOM dénonce la logique commerciale des labels qui au lieu de contribuer à régler le problème de la surpêche finissent par encourager les mauvaises pratiques et précipiter une logique d’exploitation jusqu’aux premiers échelons de la chaîne alimentaire. En effet, le très controversé label de « pêche durable » MSC (Marine Stewardship Council) labélise déjà 7% de la pêche minotière mondiale alors que celle-ci est extrêmement controversée et non éthique. Les farines ayant ainsi obtenu le blanc-seing d’un label (même si celui-ci est fortement critiqué) permettent d’alimenter avec fausse bonne conscience l’aquaculture non durable de poissons carnivores, pourtant labélisée « durable » par le label jumeau du MSC, l’ASC (Aquaculture Stewardship Council). En d’autres termes, des labels qui ont redéfini la durabilité se confortent l’un l’autre en références croisées dans leurs mauvais standards et leurs certifications controversées… La logique « business » des labels
Lire le dossier d’alerte en français.
Consulter le rapport complet (en anglais), ainsi qu’une publication scientifique l’accompagnant, dont Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM, est co-auteur.