21 janvier 2019
Un an après le vote du Parlement européen le 16 janvier 2018, les négociations sur la pêche électrique n’ont toujours pas abouti à une interdiction européenne de cette méthode de pêche destructrice. A moins de trois mois de la dernière séance plénière du Parlement européen (semaine du 15 avril 2019), le compte à rebours est lancé pour trouver un accord politique qui devra être validé par le Parlement avant sa dissolution. Si le Parlement n’obtient pas gain de cause dans la négociation de trilogue avec le Conseil et la Commission, les discussions sur l’interdiction de la pêche électrique seront reportées sine die, après les élections européennes et la formation d’une nouvelle Commission. Cela induirait la mort économique des pêcheurs artisans français, belges, néerlandais, britanniques du pourtour de la Mer du Nord, exsangues, et une série de faillites sur les littoraux dues aux chutes dramatiques des captures.
L’urgence sociale et écologique est telle que les pêcheurs artisans se réunissent avec leurs homologues anglais, italiens, belges et espagnols aujourd’hui à 13h30 à la criée de Boulogne-sur-Mer pour une conférence de presse conjointe avec BLOOM. Les pêcheurs appellent les institutions européennes à adopter sans attendre une proposition de compromis prenant en compte leurs difficultés, avec une période de ‘transition’ très limitée pour les néerlandais avant d’interdire la pêche électrique partout en Europe. L’eurodéputée et rapporteur fictif italienne Rosa D’Amato a annoncé avoir fait une proposition dans ce sens en proposant une interdiction au 31 juillet 2019.
Le 5 décembre 2018, le rapporteur du règlement « Mesures techniques » dont fait partie la pêche électrique, l’Espagnol Gabriel Mato (PPE), a proposé un compromis honteusement favorable aux industriels néerlandais.[1] Même si la pêche électrique est actuellement limitée à la Mer du Nord, les pêcheurs d’Atlantique et de Méditerranée sont très inquiets de voir s’étendre chez eux cette méthode de pêche radicalement efficace et destructrice des ressources vivantes ainsi que des petites entreprises de pêche familiales.
Dans cette dernière ligne droite de négociation, la mobilisation des pêcheurs et des citoyens est cruciale pour remporter une victoire. BLOOM appelle les citoyens à exercer leur pouvoir de contrôle quotidien sur les décideurs politiques, notamment la Commission européenne, et invente un outil d’un nouveau genre : #iPolitics, permettant de demander des comptes, jour après jour, aux négociateurs qui œuvrent dans la plus grande opacité institutionnelle.
> #iPolitics : un œil citoyen au cœur des institutions européennes. Une nouvelle plateforme de BLOOM https://stopelectricfishing.org/action
L’un des élus que les Français pourront interpeller quotidiennement est l’eurodéputé Alain Cadec, président de la Commission de la pêche du Parlement européen. Ce dernier a affiché publiquement son opposition à la pêche électrique en janvier 2018 mais alors que sa fonction lui donne le pouvoir de présider les négociations de trilogue, Alain Cadec ne s’implique pas et laisse toute liberté à l’Espagnol Gabriel Mato, ostensiblement favorable aux industriels de la pêche, pour œuvrer dans leur sens.[2]
Les élus comme les institutions européennes disposent de quelques semaines pour se ressaisir et prendre la seule décision permettant de défendre les pratiques vertueuses de pêche et l’océan : l’interdiction définitive de la pêche électrique.
[1] Le dernier compromis proposé par Gabriel Mato consiste à maintenir la pêche électrique pendant encore 3 ans tout en permettant aux 70 navires néerlandais qui possèdent une licence illégale de continuer la pêche électrique.
[2] https://www.bloomassociation.org/analyse-compromis-mato/
Pour aller plus loin
> Lire nos révélations sur le scandale multi-facettes de la pêche électrique en Europe
> Lire notre document d’information sur la pêche électrique (en anglais)
> Pour rappel, sans nouvelles de la Commission européenne depuis notre plainte du 2 octobre 2017 à propos des 70 licences illégales octroyées aux Pays-Bas pour pratiquer la pêche électrique, BLOOM a saisi la médiatrice européenne pour mauvaise administration. La Médiatrice a sommé la Commission européenne de répondre à BLOOM avant le 31 janvier.