09 juin 2017
Conférences et tables rondes à la Maison des Océans
Le 29 juin prochain se tiendra à la Maison des océans à Paris, une conférence intitulée « L’Antarctique aujourd’hui et demain ». Organisée conjointement par l’Institut océanographique/Fondation Albert Ier Prince de Monaco, la Fondation Prince Albert II de Monaco, The Pew Charitable Trusts et la Coalition pour l’Antarctique et l’Océan austral (ASOC) cette journée sera rythmée par la tenue de trois tables rondes :
Il y a bientôt un an, le 2 juillet 2016, disparaissait Michel Rocard dont le nom est resté étroitement associé à la protection internationale des pôles. En 1991, l’ancien Premier ministre socialiste de François Mitterrand (1988-1991) avait en effet joué un rôle primordial dans la signature du Protocole de Madrid avant d’être nommé, en 2009, ambassadeur français des zones polaires[1]. Le Protocole de Madrid est l’un des quatre traités multilatéraux qui forment le système conventionnel de l’Antarctique avec :
1) Le Traité de Washington du 1er décembre 1959 qui sanctuarisa le continent en y interdisant toute activité militaire et en le dédiant à la science ;
2) La Convention de Londres sur la protection des phoques en Antarctique du 1er juin 1972 ;
3) La Convention de Canberra du 20 mai 1980 qui institua la CCAMLR (Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines en Antarctique).
Cet ensemble juridique a conféré au continent austral un statut unique qui accorde une importance majeure à la protection de cette région qui recèle une extraordinaire biodiversité (env. 8200 espèces recensées).
Toutefois, cet environnement exceptionnel subit à son tour les conséquences du changement climatique, comme en témoigne le détachement, depuis plusieurs mois, d’un iceberg de 5000 km2 au niveau de la barrière de Larsen[2]. Simultanément, ces écosystèmes sont de plus en plus exposés aux activités anthropiques, en particulier aux activités de pêche (légales[3] et illégales[4]), au développement du tourisme[5] et aux pollutions de toutes sortes[6].
Aussi, la création d’aires marines protégées par la CCAMLR constitue-t-elle l’une des voies privilégiées pour relever le défi que représente la protection des écosystèmes marins en Antarctique. Dans cette perspective, la CCAMLR avait notamment adhéré en 2010 au programme de travail de son Comité scientifique visant « à mettre sur pied un système représentatif d’aires marines protégées de l’Antarctique (AMP) », suivant ainsi les objectifs d’Aichi fixés lors de la conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique en 2010[7].
C’est ainsi qu’en octobre dernier, les vingt-cinq États membres – dont la France – de cette Commission sont parvenus, après cinq années d’âpres négociations[8], à un accord qui prévoit la création d’un sanctuaire marin de 1,57 million de km2 en mer de Ross, une région considérée comme le dernier écosystème quasi intact de la planète[9]. Parallèlement à ce projet porté par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la France et l’Union européenne ont proposé la création d’une autre aire marine protégée dans l’est de l’Antarctique.
Alors que l’ancienne ministre de l’environnement Ségolène Royal devrait être officiellement nommée ambassadrice des pôles mercredi 28 juin, cette conférence sera l’occasion de faire le point sur les défis environnementaux en Antarctique et de revenir sur le rôle que joue la France dans les négociations qui visent à instaurer un cadre de préservation efficace de cette région.
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Voir le film de la conférence ici :
[1] Libération.fr, « Michel Rocard, le petit père des pôles », 3 juillet 2016, en ligne : http://www.liberation.fr/france/2016/07/03/michel-rocard-le-petit-pere-des-poles_1463736.
[2] Le Monde.fr, « Antarctique : visualisez l’iceberg géant qui se détache du continent », 10 janvier 2017, en ligne :
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/10/antarctique-visualisez-l-iceberg-geant-qui-se-detache-de-la-banquise_5060243_4355770.html.
[3] Ainley David, Pauly Daniel, « Fishing down marine food webs in Antarctica », Polar Record, 50 (1), 2013, pp. 1-16 ; Jacquet et al., « ‘Rational use’ in Antarctic waters », Marine Policy, 63, 2016, pp. 28-34.
[4] Sciences & avenir.fr, « Pêche illégale en Antarctique : un réseau espagnol démantelé », 22 mars 2016, en ligne ici :
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/mers-et-oceans/peche-illegale-en-antarctique-un-reseau-espagnol-demantele_102595
[5] Strobel Mathias, Tétart Frank, « Le tourisme en Antarctique : un enjeu géopolitique ? », Hérodote, 127(4), 2007, pp. 167-177.
[6] Cipro Caio V.Z. et al., « Mercury in the ecosystem of Admiralty Bay, King George Island Antarctica : Occurrence and trophic distribution », Marine Pollution Bulletin, 114 (1), 15 jan. 2017, pp. 564-570.
[7] L’Objectif C-11 prévoit notamment : « D’ici à 2020, au moins 17% des zones terrestres et d’eaux intérieures et 10% des zones marines et côtières, y compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et d’autres mesures de conservation efficaces par zone, et intégrées dans l’ensemble du paysage terrestre et marin ».
[8] Les négociations se sont notamment heurtées à l’opposition systématique de la Chine et de la Russie, principalement en raison des intérêts liés à la pêche. Pour plus d’informations, consulter : Le Monde.fr, « La Russie bloque la création d’aires marines protégées en Antarctique », 17 juillet 2013, en ligne : http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/07/17/la-russie-bloque-la-creation-d-aires-marines-protegees-en-antarctique_3448731_3244.html
[9] Ainley David, « A history of the exploitation of the Ross Sea, Antarctica », Polar Record, 46 (3), 2010, pp. 233-243.