19 mars 2021
Alors que la Commission Européenne semble déterminée à sauver le projet d’accord entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur*, la société civile s’organise pour s’opposer au projet d’accord commercial obsolète. Le 15 mars, une coalition transatlantique de 450 organisations est lancée pour porter d’une seule voix la déclaration appelant les dirigeants à abandonner l’accord de libéralisation du commerce.
Conclu le 28 juin 2019, l’accord de principe est immédiatement pointé du doigt par l’opinion publique. Les objectifs sont fondamentalement contraires à l’action climatique, la souveraineté alimentaire, à la défense des droits humains et de l’environnement. L’accord est jugé déséquilibré pour les producteurs européens dans le secteur agro-alimentaire, notamment pour ce qui concerne le bœuf, le poulet et le sucre et préoccupe les ONG par ses conséquences pour le climat. En effet, la hausse des quotas d’importation de bétail et d’éthanol vers l’Europe prévu par l’accord perpétueraient un modèle agricole extractiviste fondé sur le surpâturage, l’expansion de l’élevage intensif avec des parcs d’engraissement pour le bétail, et des monocultures dépendantes des pesticides et produits chimiques. Ce modèle condamne la biodiversité de l’Amazonie, du Cerrado, du Gran Chaco et laisse présager des violations de droit humain associées à ces modèles de productions intensifs.
Alors que l’accord devait être ratifié le 9 novembre 2020 par les ministres du commerce des pays de l’UE, la Commission Européenne a dû se raviser face aux contestations massives des citoyens. Les organisations de la société civile alertent l’opinion et les gouvernements sur les dangers sociaux, écologiques, sanitaires d’un tel accord depuis l’ouverture du processus de ratification.
Aujourd’hui, la majorité des ministres des affaires étrangères et du commerce des pays européens envisagent – pour sauver l’accord et achever le processus de ratification – de faire des ajouts à la marge pour répondre aux préoccupations en matière de développement durable. Un tel ajout, à côté de l’accord, ne changerait pas, selon toute vraisemblance, l’économie générale de l’accord.
Lancée le 15 mars 2021, la coalition transatlantique de 450 organisations dont fait partie BLOOM, souhaite à travers une déclaration unique accroître la pression. La coalition exige de la Commission Européenne et des gouvernements qu’ils abandonnent cet accord catastrophique qui représente un véritable danger pour la justice sociale, le climat, la protection de la biodiversité, l’emploi et les droits humains. L’heure n’est plus aux accords obsolètes qui favorisent l’intérêt des multinationales au détriment du droit des populations et de la protection de la planète.
*Le Mercosur est une alliance économique des pays d’Amérique du Sud créée en 1991. Ses membres permanents sont l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay et le Venezuela (suspendu en 2017). La Colombie, le Chili, le Pérou, la Bolivie et l’Équateur, le Guyana et le Suriname ont le statut de membres associés.
Le Mercosur est le troisième marché intégré au monde après l’Union européenne et la zone de libre-échange nord-américaine (accord Canada–États-Unis–Mexique).