28 avril 2017
C’est donc une bien étrange alliance LR-PS-Front de Gauche-FN qui a mené le Parlement européen à voter jeudi 27 avril 2017 la réintroduction des subventions à la construction de navires de pêche (1). Nous faisons ici l’analyse précise des députés qui ont préféré la victoire court-termiste à la mise en oeuvre des objectifs de développement durable de l’ONU.
Lire le communiqué de BLOOM sur le résultat du vote et notre tribune « Donnez aux pêcheurs de Guyane les moyens d’une pêche durable »
Cette analyse a pu être réalisée grâce à la demande préalablement faite par les Verts européens d’avoir une procédure de « Vote par appel nominal » (Roll-call vote) qui permet de savoir qui a voté quoi.
José Bové, Karima Delli, Yannick Jadot et Pascal Durand étaient présents aux côtés de leurs collaborateurs européens pour rejeter l’amendement.
Comme toujours, les députés LR étaient au RV des lobbies avec une mobilisation exceptionnelle (14 députés LR sur 20 !). On aimerait voir la même détermination lorsqu’il s’agit de voter contre les pêcheurs industriels qui menacent la pêche artisanale mais il ne faut pas rêver…
Délégation Les Républicains (Groupe PPE) au complet, en gras ceux qui étaient présents et ont voté pour l’amendement :
Mobilisation record (12 députés sur 13) pour les Socialistes français, sous l’habituelle influence orientée de leur référente en pêche, Isabelle Thomas, marraine du lobby Blue Fish. Attendons-nous cependant à ce que cette délégation reporte infiniment la faute de la défection des Français vis-à-vis de leur formation politique sur un tas de facteurs, mais certainement pas leur démission impardonnable de la défense de l’intérêt général.
Délégation des Socialistes (Groupe S&D) au complet, en gras ceux qui étaient présents et ont voté pour l’amendement :
Trois députés sur quatre de la délégation française de la gauche radicale (réunie au sein du groupe GUE/NGL) ont voté cet amendement qui était à l’initiative du député Younous Omarjee de l’Ile de la Réunion. Jean-Luc Mélenchon, n’étant pas présent, n’a pas eu à voter un amendement qui contredit frontalement les engagements de son Livret Mer sur la mise en oeuvre des Objectifs de développement durable.
Délégation du Front National (Groupe ENF : « Europe of Nations and Freedom ») au complet, en gras ceux qui étaient présents et ont voté pour l’amendement, soit 12 députés du Front National sur 20 !
*Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen du Front National ne figurent pas dans le groupe ENF mais dans la formation des « NI », non inscrits.
Les 7 députés centristes et d’étiquettes variées (Groupe ALDE) ont été divisés sur le vote (3 pour, 1 contre). Heureusement, Marielle de Sarnez, championne de la lutte contre la surpêche, n’a pas voté l’amendement. En revanche, les députés pro-Macron J-M Cavada, Nathalie Griesbeck et Robert Rochefort l’ont adopté. Dominique Riquet l’a rejeté.
(1) Ces subventions avaient été interdites lors de la réforme de la Politique commune de la pêche de 2002. Cf., RÈGLEMENT (CE) No 2369/2002 DU CONSEIL du 20 décembre 2002 modifiant le règlement (CE) no 2792/1999 définissant les modalités et conditions des actions structurelles de la Communauté dans le secteur de la pêche.