21 avril 2021
Après avoir épuisé les ressources en mer du Nord avec des méthodes de pêche particulièrement destructrices, l’industrie néerlandaise mène une offensive pour conquérir de nouvelles zones de pêche. C’est ainsi que depuis 10 ans des navires néerlandais (ou sous capitaux néerlandais) pratiquant la senne danoise ont fait leur apparition en Manche. La présence de ces navires industriels rencontre l’opposition des pêcheurs locaux qui ne cessent d’alerter sur le pillage des ressources et la destruction des écosystèmes, comme lors de l’action de blocage du bassin de Loubet en décembre 2020 à Boulogne-sur-Mer.
« Ce sont de gros bateaux, et leurs prises sont trop importantes par rapport à la ressource de poissons disponibles. Un seul de leur passage raréfie la ressource sur tout un secteur donné pendant au moins quinze jours. Ils avaient commencé dans le sud de la mer du Nord, ils ont tout raflé — la pêche artisanale est en grande difficulté là-bas depuis — et ils arrivent maintenant dans la Manche Est. », explique Philippe Calone, pêcheur artisan en Normandie. Thibault Josse, permanent de l’association Pleine Mer ajoute : “De Dunkerque à Cherbourg, l’inquiétude est grande de voir les ressources traditionnellement allouées à la pêche artisanale, accaparées et pillées par les géants de l’industrie néerlandaise. Les pêcheurs ont conscience qu’un accord se trame dans leur dos et la colère monte sur les quais des Hauts-de-France et de Normandie« .
Afin de faire taire toute opposition, l’organisation VisNed (le même lobby néerlandais qui faisait la promotion de la pêche électrique) négocie depuis un an, dans l’opacité la plus totale, avec certaines instances de la pêche française, belge et britannique un accord, appelé Gentleman Agreement, de la senne en Manche. Officiellement ce projet d’accord est présenté comme un encadrement des senneurs néerlandais. BLOOM et Pleine Mer dénoncent un leurre ayant pour seul but de légitimer la présence de ces navires senneurs en Manche, permettant ainsi d’instituer un précédent validant le pillage des ressources et la destruction de la pêche artisanale par la pêche industrielle néerlandaise. L’Organisation des pêcheurs Normands (OPN) a déjà annoncé qu’elle refusait de signer ce texte dans un article de Reporterre.
Et alors que les négociations sont encore en cours et qu’aucun accord n’a été signé, l’organisation VisNed s’est fendue le 15 avril d’un communiqué sur son site internet annonçant que « les représentants des pêcheries des quatre pays concernés se sont enfin mis d’accord sur des mesures de gestion » dans la Manche, précisant que l’accord était censé commencer le lundi 19 avril.
« La pilule est difficile à digérer pour VisNed tenu en échec par la Cour de Justice de l’Union européenne qui a rejeté la demande des Pays-Bas de faire annuler l’interdiction de la pêche électrique. Loin de remettre en cause son modèle économique destructeur, l’industrie néerlandaise réplique sa politique de la « terre brûlée » avec une autre méthode de pêche, en forçant les pêcheurs français, anglais, et belges à accepter la présence de ses senneurs de fond en Manche Est. », analyse Laetitia Bisiaux, chargée de projet chez BLOOM.
Nous considérons en outre ce projet d’accord comme illégitime. Parmi les négociateurs, les pêcheurs anglais sont représentés par le Néerlandais Andries de Boer, directeur de l’organisation de producteurs anglaise Lowestoft Fish Producers Organisation. Côté Belgique, le négociateur est un représentant de la société Padmos, constructeur de navires, dont des senneurs. En France, les pêcheurs sont représentés par le Comité régional des pêches des Hauts-de-France, le Comité régional des pêches de Normandie, la Coopérative maritime étaploise, l’Organisation des pêcheurs Normands, et l’Organisation de producteurs FROM Nord. Le FROM Nord est présidé par Antoine Dhellemmes, ancien directeur général de France Pélagique une filiale française de l’empire néerlandais Cornelis Vrolijk. Antoine est remplacé par son fils Geoffroy à la tête de l’armement depuis janvier 2020, mais ses positions de vice-président du Comité national et de président du FROM Nord lui permettent d’accaparer les quotas français, au profit de l’industrie néerlandaise et de la fortune familiale
Nous demandons aux négociateurs de cet accord de ne pas le signer et appelons les pêcheurs français à se tourner vers leurs organisations de producteurs et leurs comités régionaux des pêches afin de faire entendre leur voix.
*Communiqué commun de BLOOM et de Pleine Mer
Découvrez notre décryptage « L’ingérence néerlandaise dans la pêche européenne »
14 avril 2021
Comme avec la pêche électrique, les lobbies néerlandais ont adopté la stratégie du fait accompli pour imposer la senne danoise (senne de fond) en Manche. Cette stratégie consiste à développer un engin de pêche et à s’accaparer des ressources tout en s’affranchissant des lois et de la colère des pêcheurs voisins. Mais lorsque la situation devient très tendue, l’industrie cherche finalement à obtenir le consentement des autres pêcheurs. C’est ainsi que la pêche industrielle néerlandaise orchestre la légitimation de la senne danoise très décriée par les pêcheurs artisans. BLOOM décrypte les enjeux et les dangers d’un accord entre les parties prenantes qui ne serait pas suffisamment ambitieux pour protéger la ressource et les pêcheurs artisans.
19 décembre 2019
Comme chaque année, l’arrivée dans la Manche des plus gros navires de pêche au monde — de parfois plus de 140m de longueur — a créé l’émoi chez les pêcheurs français et britanniques tant leur efficacité est redoutable.[1] Pourtant, leur présence est tout à fait légale.
15 décembre 2020
Les chalutiers géants ne cessent de faire parler d’eux tant l’aversion des citoyens et des pêcheurs à leur encontre est immense.